Nouvelle Route du Littoral

Le projet de la Nouvelle Route du Littoral a pour but de sécuriser la liaison entre les 2 principales agglomérations de l’île (Saint-Denis, chef-lieu de La Réunion et La Possession). Cette nouvelle infrastructure routière s’étend sur 12,5 kilomètres et a été divisée en plusieurs lots. L’un des deux principaux lots porte sur la réalisation complète d’un viaduc entre Saint-Denis (chef lieu de La Réunion) et la Grande Chaloupe. Le marché remporté par le groupement de VINCI Construction Grands Projets concerne la conception et la construction de ce viaduc en mer de 5,4 kilomètres qui longe le littoral. 

CONTEXTE

Située entre mer et falaise, l’ancienne Route du Littoral (RN1), soumise à de nombreux risques naturels (éboulements rocheux, inondations pluviales, submersions lors des fortes houles), nécessitait des restrictions ou fermetures fréquentes et un entretien très lourd, et occasionnait régulièrement des accidents mortels.
La Nouvelle Route du Littoral, qui la remplace, a été placée en mer, de 80 à 300 mètres du rivage, afin d’échapper à ces risques. Ce projet est unique tant par sa longueur (5,4 km : plus long viaduc en France de ce type) que par sa largeur (près de 30 m), avec un tablier comportant 2 x 3 voies de circulation modulables pour y intégrer un corridor de transport collectif en site propre (tram-train ou bus). Avec sa situation en mer ouverte, l’ouvrage est exposé à des contraintes météo et maritimes particulièrement sévères (cyclones et houles extrêmes), et des caractéristiques géotechniques délicates et extrêmement variables, prises en compte lors de sa conception et de sa construction. Le projet a été marqué par des impératifs et mesures forts en matière environnementale, notamment vis-à-vis de la faune marine.

TECHNIQUE

Afin de nous émanciper de la houle, nous avons décidé de préfabriquer tous les éléments à terre. Les 48 piles ont donc été réalisées dans une usine de préfabrication, puis transférées sur une gigantesque barge. La même règle qui vise à limiter au maximum les travaux en mer a été appliquée pour les méga-voussoirs sur piles. Un assemblage de 7 voussoirs pesant 2 400 tonnes chacun et correspondant à l’amorce du tablier sur chaque pile, a été posé par la barge en même temps que la partie haute des piles. Les 1 386 voussoirs courants qui forment le reste du tablier du viaduc ont été produits dans une usine du chantier au rythme de 3 à 4 pièces par jour, acheminés de nuit par l’actuelle route du littoral et mis en place au moyen d’une poutre de lancement de 278 mètres de long.
Ce choix du tout à terre, ou presque, pour construire l’ouvrage, a nécessité des moyens de production et de manutention adaptés à la taille des éléments préfabriqués. Construites dans la zone du port, les 2 usines de préfabrication des piles et des voussoirs du viaduc ont disposé de toute une série d’outils particuliers. Le site de préfabrication des voussoirs a ainsi été doté d’un portique d’une capacité de 350 tonnes pour déplacer ces pièces, l’usine de préfabrication des voussoirs de 3 centrales à béton (dont l’une alimentait l’usine voisine de préfabrication des piles), d’une centrale de traitement des eaux de lavage des toupies à béton ou encore d’une installation de refroidissement permanente des agrégats et des malaxeurs. S’y ajoutait une centrale pouvant fabriquer 45 tonnes de glace par jour pour maîtriser la température du béton, même lors des plus intenses chaleurs. Le dernier avantage de cette organisation a concerné la protection de l’environnement.  Exigeantes, les mesures prévues par le marché ont notamment inclus la préservation des cétacés des nuisances sous-marines générées par le chantier, ou encore la protection  de quelques massifs coralliens voisins de la zone de travaux d’éventuels nuages de particules fines.

Conçu pour une durée de vie de 100 ans, le viaduc est dimensionné pour résister à des événements exceptionnels, ainsi qu’aux chocs éventuels de bateaux. La sous-face du tablier est calée de 13 à 22 mètres au-dessus de la mer hors d’atteinte des houles de plus grandes amplitudes.

IMPACT

L’un des chantiers majeurs réalisés en France au moment de sa construction, la Nouvelle Route du Littoral facilite depuis sa mise en service totale début 2023 les déplacements des habitants entre Saint-Denis, la capitale, et le port de commerce de l’île, à une vingtaine de kilomètres plus à l’ouest. Elle remplace ainsi l’actuelle route de corniche à 2 x 2 voies située au pied d’une falaise, tristement célèbre pour sa dangerosité. Côté mer, on s’exposait aux embruns en cas de forte houle, ce qui arrive fréquemment du fait de l’absence de plateau continental. Côté montagne, on risquait des chutes de pierres malgré la présence de filets de protection. Aussi, 2 mois par an en moyenne, les autorités fermaient une ou 2 voies de circulation pour protéger les usagers. Baptisé « canal bichique », du nom de l’alevin qui remonte les ravines, ce basculement de chaussée provoquait à chaque fois d’importants embouteillages. Longue de 12,5 kilomètres et presque entièrement située en mer, la nouvelle route, parallèle à la côte, permet de s’affranchir des chutes de pierres, mais aussi de la houle, puisqu’elle s’élève entre 20 et 30 mètres au-dessus du niveau de la mer. La chaussée, nettement plus large (l’équivalent d’une autoroute à 2 x 3 voies), dispose d’une emprise pour accueillir un futur transport collectif en site propre, et d’un espace réservé aux cycles et piétons.
Tout comme le viaduc de la grande ravine, ce projet dote l’île de La Réunion d’une nouvelle infrastructure qui permet de réduire les embouteillages et offre un confort de sécurité à ses usagers.

Experts du projet

Maître d’ouvrage
Région Réunion

Maître d’œuvre
Egis

Chiffres clés

Dates d’exécution
janvier 2014 à novembre 2018

Dimension du viaduc

Longueur : 5,4 km
Largeur : 30 m
Tablier : 2 x 3 voies

Témoignage

« Le projet de la Nouvelle Route du Littoral est exceptionnel par ses caractéristiques et sa situation maritime. Les risques naturels lui confèrent une complexité technique qui la classe parmi les grands projets de génie civil mondiaux. »

Bernard Chiesa, Directeur projet appel d'offres Nouvelle Route du Littoral

En savoir plus

www.nouvelleroutedulittoral.re

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