Liaison ferroviaire du Liefkenshoek

VINCI Construction Grands Projets a été mandaté par Tuc Rail pour réaliser la liaison ferroviaire de Liefkenshoek et ainsi fluidifier le fret dans le port d'Anvers. Ce contrat de partenariat public-privé (PPP), d’une durée de 42 ans, porte sur la conception, le financement, la construction et la maintenance d’une infrastructure ferroviaire d’une longueur de 16,2 kilomètres en double voie. Plus précisément, le projet comprend : une plate-forme ferroviaire en remblais (4,76 km) avec plusieurs ouvrages d’art en béton, une section en tranchée ouverte et couverte (4,27 km), la mise aux normes du tunnel immergé existant de Beveren (1,2 km), et la construction de 2 tunnels parallèles forés simultanément de 5,97 kilomètres de long chacun passant sous le Kanaaldock et sous l’Escaut. Cette infrastructure a pour objectif de relier les rives Nord et Sud du port d'Anvers permettant la circulation des trains de marchandises sous les canaux et l’Escaut.

CONTEXTE

Sur les rives de l’Escaut se situe le port d’Anvers. Celui-ci connaît depuis plusieurs années un développement important. Développement qui s’accompagne d’ailleurs d’une hausse de l’activité portuaire. Ainsi, pas moins de 7,5 millions de conteneurs sont manipulés chaque année. Avant le déploiement de ce projet, pour rejoindre la rive droite de l’Escaut depuis la rive gauche, un seul passage en train existait. Cette unique voie ne permettant plus de répondre aux besoins du port, la création d’une nouvelle liaison ferroviaire s’est alors avérée nécessaire. Cette nouvelle ligne permet ainsi de relier le sud et le nord du port.

TECHNIQUE

Deux tunneliers à pression de boue (baptisés Schanulleke et Wiske) ont été construits pour creuser les 2 tunnels de 6 kilomètres chacun, dans les sables et l’argile. Le forage des 2 tubes a été réalisé à une profondeur de 40 mètres sous le niveau de l’Escaut (Schelde River), soit environ 10 mètres sous le lit du fleuve, et à environ 30 mètres sous le Kanaaldock. Pour réaliser cette opération, le fond a été préalablement curé et renforcé par une structure en béton. Les 2 tubes ont pu être creusés à l’aide de 2 tunneliers mesurant plus de 8 mètres de diamètre, et progressant au moyen d’un bouclier hydraulique sous haute pression.
Sous l’Escaut, la pression hydrostatique qui fluctue avec le niveau de marée (jusqu’à 4 bar à marée haute) fut notre principal défi. Les tunneliers ont alors dû être équipés d’un dispositif de mesure en temps réel de pression afin d’adapter en permanence les paramètres de forage, compte tenu également de la faible hauteur de terrain au-dessus du tunnelier (10 m). Sous le Kanaaldock, la nature du sol est similaire. Afin de stabiliser la zone dans laquelle devaient passer les 2 tunneliers, 25 000 m3 de mortier à prise lente ont été coulés en l’espace de 4 jours (du 21 au 24 mai 2010) sous les eaux du port d’Anvers. Les tunnels comprennent des voies et des puits d’accès destinés aux services de secours,  13 intertubes, ainsi que 8 puits d’évacuation et de ventilation réalisés en paroi moulée de 21 mètres de long 6 mètres de large, et entre 28 et 45 mètres de profondeur. En prévision de travaux ultérieurs à réaliser après le passage du tunnelier, l’étanchéité a été assurée soit par des parois en coulis ciment bentonite (3 puits), soit par congélation (5 puits). La construction des 2 tunnels aura nécessité la fabrication en Allemagne de 53 000 voussoirs. Une extension de la ligne ferroviaire a même été réalisée jusqu’au chantier et a permis d’acheminer par train, directement depuis l’usine de préfabrication, jusqu’à 1 200 voussoirs par semaine.

Deux tunneliers à pression de boue de 8,40 mètres de diamètre ont été assemblés sur place pour l’opération de creusement. Le forage a mobilisé nos équipes sur place 24h/24 pendant 20 mois. Le terrain sablo-argileux a permis une cadence assez élevée : jusqu’à 20 mètres par jour, sauf sous le fleuve Escaut et le canal.

IMPACT

Grâce au Liefkenshoek, les trains peuvent faire jusqu’à 100 allers et retours par jour sans avoir à quitter la zone portuaire. Sa construction a permis de réduire les distances à parcourir de 22 kilomètres. Le trafic de la zone du port qui connaît une croissance importante de son activité de transport de marchandises a pu être décongestionné. Les trains de marchandises ne font plus de détour par des points critiques et saturés (comme le tunnel ferroviaire Kennedy et l’axe Anvers-Berchem/Anvers-Schijnpoort) et gagnent 40 minutes de temps de parcours.
Cette liaison ferroviaire, véritable plateforme logistique facilitant l’intermodalité, s’inscrit dans une stratégie de développement de la capacité ferroviaire dans et autour du port d’Anvers. Grâce à cette stratégie de soutien de la croissance du port, les autorités espèrent faire augmenter la part du trafic ferroviaire (trafic de conteneurs) de 8% actuellement à 15% à l’horizon 2030. Située au cœur des corridors européens de fret, la Belgique augmentera de la sorte son attractivité pour tous les chargeurs de fret d’Europe.
Enfin, ce projet a été couronné Infrastructure Deal of the Year par le magazine anglais PFI (Project Finance International) pour le secteur Europe. Ce prix récompense la manière originale dont l’un des plus grands projets de mobilité en Belgique a été financé.

Experts du projet

Maître d’ouvrage
Infrabel / Locorail

Maître d’œuvre
Tuc Rail

Chiffres clés

Dates d’exécution
novembre 2008 à juillet 2013

Béton
400 000 m3

Terrassement
3 millions de m3

Acier
40 000 t